
La Tragédie D’ewok : Un Chien Mort Dans La Soute D’un Avion Malgré Des Précautions Apparentes
Le drame survenu lors du vol Corsair du 19 juin 2025, reliant Orly à la Martinique, illustre tragiquement les risques encourus par les animaux transportés en soute. Anaïs Collet-Thiry, originaire de Reims, avait organisé ce voyage avec sa famille pour entamer une nouvelle vie outre-mer, emmenant avec elle Ewok, son bouledogue français de 4 ans. Malgré les précautions prises, notamment le choix du fret qui autorise le transport d’animaux interdits en cabine ou en soute, le chien a trouvé la mort avant même le décollage.
Ewok pesait une quinzaine de kilos et, en raison de sa race brachycéphale, il était théoriquement interdit de vol. Cependant, une dérogation spécifique lui permettait de voyager par fret, sa caisse de transport étant scellée et équipée d’un harnais. La maîtresse, tout comme son mari, avait demandé que son chien ait de l’eau, craignant la chaleur : _« Il allait faire très chaud. L’employé a répondu qu’il n’avait pas le temps pour le moment et le ferait plus tard »_. Ce délai, qui peut sembler anodin, s’avère crucial face aux conditions particulièrement sensibles pour ce type d’animal.
Le vol a subi un retard important, de près de six heures, aggravant la situation. Quinze minutes après l’embarquement des passagers, un incident technique a été annoncé, suivi d’une attente prolongée dans un avion sans climatisation. Anaïs a cru bon de demander à une hôtesse si la soute était bien climatisée, ce qui lui fut confirmé. Pourtant, cette assurance s’est avérée insuffisante. C’est sur le tarmac, lors de l’ouverture de la soute, qu’elle a découvert Ewok, mort dans sa caisse, avec _« pas une goutte d’eau dans sa gamelle »_, un détail poignant qui souligne l’absence de soins élémentaires.
Le lendemain, les réponses des services de fret sont restées confuses, certains indiquant que le chien était déjà décédé au moment où la soute a été refermée. Anaïs se heurte à un flou total : _« On me dit tout et n’importe quoi, qu’il est mort de crise cardiaque, de stress… Ils se renvoient la balle »_. La douleur s’ajoute à l’incompréhension, d’autant que la famille n’a pas pu récupérer les affaires d’Ewok, la dépouille ayant commencé à se décomposer.
Face à cette tragédie, la maîtresse n’a pas baissé les bras. Elle a porté plainte et a exigé que la compagnie prenne en charge la crémation et le rapatriement des cendres, affirmant : _« Je n’ai pas insisté. Mais je leur ai dit que la moindre des choses, c’était qu’eux le fassent et rapatrient les cendres »_. Cette exigence incarne un appel à la responsabilité et à la dignité dans le traitement des animaux lors de transports aériens.
Cette histoire soulève des questions fondamentales sur la gestion des animaux en fret aérien, sur la rigueur des protocoles appliqués et sur la prise en compte réelle des besoins vitaux, en particulier dans des circonstances de retard et de fortes températures. Elle met en lumière une faille humaine autant qu’organisationnelle, dont les conséquences se sont révélées fatales.

Polémique Sur Les Dérogations Pour Chiens Brachycéphales : Entre Fragilité Respiratoire Et Responsabilités
La mort d’Ewok met en lumière un dilemme complexe autour du transport aérien des chiens brachycéphales, comme les bouledogues français, dont la physiologie particulière impose des restrictions strictes. Corsair, la compagnie concernée, rappelle que ces races sont généralement interdites en cabine et en soute, en raison de leur vulnérabilité aux troubles respiratoires. Toutefois, une exception est prévue dans certains cas, notamment pour des déménagements justifiés, sous réserve de la signature d’une décharge reconnaissant les risques spécifiques.
Dans son communiqué, Corsair affirme que, pour ce vol, toutes les procédures ont été respectées scrupuleusement : « la dérogation a été accordée, la décharge signée, et les conditions de transport conformes. Aucune anomalie technique, climatique ou opérationnelle n’a été relevée. » Pourtant, les données de vol montrent un retard significatif, avec un décollage à près de 20h00, contre 14h00 habituellement. Ce décalage soulève des interrogations quant à la réalité des conditions dans la soute, notamment la climatisation.
L’expertise vétérinaire apporte un éclairage essentiel sur cette problématique. La vétérinaire Christelle Hage explique que les chiens brachycéphales présentent un nez et une trachée raccourcis, ce qui limite considérablement les échanges d’air. Leur palais mou, plus long, gêne la respiration et provoque un ronflement quasi permanent. Cette configuration anatomique réduit la capacité à éliminer la chaleur, d’autant que ces chiens ne transpirent pas, mais régulent leur température uniquement par la respiration. En conséquence, ils sont plus rapidement essoufflés et sensibles aux surchauffes, ce qui justifie les interdictions strictes de transport aérien.
Au-delà de la physiologie, la question des responsabilités s’avère délicate. La compagnie évoque une « issue tragique liée à la fragilité individuelle d’Ewok », soulignant qu’aucun autre animal transporté sur ce vol n’a présenté de problème. Cette position tend à isoler le cas, mais elle ne dissipe pas les critiques sur la gestion opérationnelle. Le décalage entre les règles imposées par la compagnie aérienne et celles appliquées par la société de fret, Worldwide Flight Service (WFS), suscite une incompréhension profonde.
Cette disparité crée une zone grise où la sécurité des animaux peut être compromise, comme le montre le refus initial d’Ewok en cabine ou en soute, mais son acceptation via le fret, malgré les risques connus. La décharge signée par le propriétaire dégage la compagnie de toute responsabilité, mais ne répond pas à la question du respect effectif des conditions de transport adaptées à ces races fragiles.
Ainsi, cette affaire révèle une tension entre la nécessité de maintenir des règles protectrices et la réalité des pratiques commerciales et logistiques, où le bien-être animal peut se trouver relégué au second plan. La fragilité respiratoire des bouledogues brachycéphales impose une vigilance accrue, mais elle ne suffit pas à garantir leur sécurité si les protocoles et leur application ne sont pas rigoureusement contrôlés.