Une loi pour tous… sauf eux ? Alors que l’article R.4228-20 interdit les alcools forts au travail, les députés préservent un privilège vieux de 120 ans. Dans l’ombre des nuits parlementaires, Yaël Braun-Pivet s’attaque à une tradition qui « a dépassé les limites ». Entre cocktails politiques et débats enflammés, découvrez pourquoi cette décision secoue jusqu’aux fondations du Palais Bourbon.
Un privilège vieux de 120 ans qui échappe au droit commun
L’Assemblée nationale vit sous un régime d’exception. Alors que l’article R.4228-20 du Code du travail interdit strictement les alcools forts dans toutes les entreprises françaises, les parlementaires préservent un droit unique : consommer whisky, gin ou Get 27 dans l’enceinte du Palais Bourbon. Cet usage remonte à 1904, quand les premières buvettes se sont transformées en « petite ville dans la ville », selon Ouest France.
Ces espaces discrets, où ministres et élus de tous bords se côtoient, défient les clivages politiques. « On trouve un républicain qui déjeune avec un socialiste, une verte avec un Liot », souligne Charles de Courson, député du groupe Liot. Une mixité rare qui contraste avec les joutes de l’hémicycle, mais dont les excès menacent aujourd’hui son existence même.
Ce privilège centenaire, toléré au nom de la tradition, résiste ainsi au droit commun. Un paradoxe que Yaël Braun-Pivet entend résoudre en supprimant l’alcool le soir, alors que les débats nocturnes s’enflamment régulièrement. La mesure pourrait réécrire les règles non écrites d’une institution jalouse de ses traditions.
Nuits chaudes au Palais Bourbon : quand l’alcool enflamme les débats
Les séances nocturnes de l’Assemblée nourrissent une tradition à haut risque. Alors que les discussions parlementaires démarrent vers 21h, la consommation d’alcool fort atteint son pic dans les buvettes adjacentes. Un phénomène ancien qui persiste malgré une baisse de 50% des ventes depuis 2017, selon les chiffres du JDD.
Pourtant, en 2023, un panneau insolite apparaît à la buvette : « rupture de stock de Get 27 ». Cette liqueur mentholée, prisée des noctambules de l’hémicycle, devient le symbole des excès. « Certains peuvent exagérer sur l’alcool », concède Christophe Blanchet (Modem), soulignant les débordements récurrents lors des nuits parlementaires.
Ces épisodes alimentent les tensions durant les débats législatifs. Les témoignages internes évoquent des comportements « parfois limites », où l’ivresse concurrence la fatigue dans l’exacerbation des conflits. Une réalité que Yaël Braun-Pivet cite en secret pour justifier sa réforme, alors que les cocktails politiques menacent de virer au pugilat verbal.
Yaël Braun-Pivet contre les traditions : une réforme qui crispe les députés
La présidente de l’Assemblée nationale passe à l’offensive. Yaël Braun-Pivet annonce la suppression de l’alcool le soir dans les buvettes, une mesure-choc pour encadrer les nuits parlementaires. Mais la décision provoque un tollé chez certains élus, qui dénoncent « un faux débat » selon les termes rapportés par RTL.
Le député RN Gaëtan Dussausaye mène la contre-attaque, refusant de lier les débordements à l’ivresse : « Quand un parlementaire décide de bordéliser l’Assemblée, ce n’est pas une question de fatigue ni d’alcool ». Une position partagée par des collègues anonymes, dont l’un lance : « C’est au président de groupe de faire la police ». La présidence de l’Assemblée se heurte ainsi à une résistance inédite, alors que la réforme questionne l’autorégulation des élus.
Entre cocktails et sobriété : le dernier bastion des traditions parlementaires
La buvette de l’Assemblée résiste plus que jamais. Défendue comme un lieu de sociabilité essentiel, elle incarne l’esprit de corps des élus au-delà des clivages. « Les parlementaires savent très bien ce qu’ils font », martèle Gaëtan Dussausaye, rejetant l’idée que l’alcool explique les débordements.
Harold Huwart (Liot) tourne en dérision le débat d’un trait d’humour : « Ce qui est vraiment dramatique, c’est que des gens sobres réussissent à raconter n’importe quoi avec la plus grande conviction ». Une pique qui souligne l’absurdité des polémiques, selon ses partisans.
Alors que la réforme de Yaël Braun-Pivet menace un symbole historique, les défenseurs des privilèges parlementaires brandissent l’argument de la responsabilité individuelle. Leur combat dépasse la question de l’alcool : il s’agit de préserver l’identité d’une institution où le verre de l’amitié politique a toujours eu droit de cité.